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Message  seb mitard Mer 24 Nov 2010 - 17:35

Avec l'accord d'Alain voici un très beau récit:


A gauche ou à droite ? :



Printemps, mois d’avril :

« « « Alors, tes convictions et ton expérience te feraient plutôt voter pour celui de gauche ou de droite ? » » »

« « « Ben, je sais pas trop moi ! A chaque fois je me plante quand je crois que c’est le bon. Celui de droite me semble plein de promesses et celui de gauche peut réserver son lot de surprises » » »

« « « Bon on vote, Dominique et Christophe sont déjà sortis de l’isoloir. » » »

Les bulletins sont placés dans l’urne et le dépouillement donne Eric gagnant …..



Après une trop longue campagne d’attente et plus de deux heures trente de route, nous avons touché au but. Nos deux barques ont accosté une petite île boisée entourée de plusieurs dizaines d’hectares d’eau d’un étang perdu dans une forêt de l’ouest de la France. Les berges sont accueillantes malgré de nombreuses déjections de mouettes qui font ressembler le sol à un quai de port. Un petit sandre mort est ballotté par les vagues au pied de la rive. Je préfère ça à un oiseau mort dans cette période troublée par la grippe aviaire ! La sève monte et les feuilles bourgeonnantes se tendent peu à peu dans chaque arbre. La température avoisine les 15° et Éole souffle à l’ouest depuis plusieurs jours. Nous avons débarqué sur cette île pour y vivre près de 4 jours comme des Robinsons et cela ne s’invente pas, nous sommes Vendredi ! Comme à chaque session « collective », Il se pose toujours un éternel et sympathique problème, le choix du poste ! Droite ? Gauche ?, chacun espérant secrètement que son coéquipier ne prenne pas son choix. Nous sommes deux équipes pêchant à chacune des pointes opposées. Eric aujourd’hui choisit le poste de droite. Au fond de moi-même, je l’envie un petit peu. Dominique sur l’autre poste a tiré l’aile gauche, le poste de « Ken » fréquemment pêché par un « Nutra addict »


La technique de la bouillette belge :


Je récupère en tirant lentement sur le fond un plomb étoilé. Je me transporte ainsi mentalement sous l’eau en lisant et analysant les vibrations que je ressens au contact de la tresse sur mes doigts et sur la pointe de ma canne. Les sillons sont parfois tendres, entrecoupés ou interrompus comme le socle d’une charrue labourant la terre. Le poste est complètement différent que l’on pêche à gauche ou à droite. J’ai hérité d’un fond vaseux avec quelques rares herbiers poussant dans une assez faible profondeur d’eau. A droite, le substrat est légèrement sableux avec une bande caillouteuse et près de trois mètres d’eau à moins de 100 mètres. On dit souvent que l’herbe est toujours plus verte dans le champs d’en face, quel veinard !! Je commence déjà à me trouver de fausses excuses et j’entrevois déjà le capot avant même d’avoir commencé à pêcher. C’est certain, si je ne prends rien, je vais me faire chambrer pendant un certain temps. Avant même de déployer mes fidèles sabres de carbone, j’avais mis une vingtaine d’appâts carnés à tremper directement dans l’eau de l’étang, juste devant mon vaillant Bic. La bouillette délavée est une technique que j’affectionne tout particulièrement dans certaines conditions, notamment lorsque le poisson est très pêché. C’est souvent un plus qui fait souvent la différence. J’ai la faiblesse de penser comme l’a expliqué Achiel Stevens, qu’une bouillette qui sent fort peut être reconnue comme une nourriture piquante menant droit dans un sac noir ou sous une pluie d’éclairs aveuglants ! A l’inverse, elle est certainement perçue avec moins de danger. J’opte pour une pêche au spot à la bouillette et au gros pellet avec des têtes chercheuses. Eric a mis sa confiance dans les noix tigrées et les mêmes appâts que moi sur un amorçage léger de plusieurs spods de micro-bouillettes et de tigers broyées. Après moins d’une heure de pêche, Christophe ouvre déjà le bal avec une magnifique miroir de plus de 15 kilos presque two tone !

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Petite boule jaune :


La fraîcheur arrive aussi rapidement que la nuit tombe. Nous nous retrouvons tous les quatre au centre de l’îlot qui devient notre quartier général à l’abri des vents et des regards. Nous faisons honneur à une ancienne tradition Franque en trinquant. Il était en ces temps lointains coutume que plus on cognait fort les verres, plus il y avait de chance d’échanger un peu de son vin en le répandant dans celui de l’autre pour prouver qu’on y avait pas introduit de poison et être ainsi considéré comme honnête. Nous ne badinons donc pas avec les traditions mais modérément !

Pendant le repas du soir, quelques petits piaillements attirent notre attention. A nos pieds, nous découvrons une petite boule de duvet jaune et noire apeurée. Il fait nuit et nous décidons de garder ce jeune invité à dormir dans le bonnet polaire de Christophe. Il sera relâché le lendemain à proximité d’une canne sauvage suivie par un wagon de canetons nageant en file indienne avec le sentiment d’avoir sauvé un futur orphelin.

Au bout de 24 heures, je suis le seul à être capot. J’ai bien eu un superbe « départ » mais ce poisson lourd et puissant s’est décroché. Si mes collègues sentent la sueur à force de tirer des poissons, moi je sens plutôt la poisse ! Heureusement, mon coéquipier me fait partager ses prises……mais en me prêtant son appareil photo !. Je ne perds cependant pas espoir car en 4 sessions à cet endroit, j’ai toujours réussi à prendre un poisson même sous la grêle et un gel à pierre fendre. Je ne tiens plus en place et je cherche une solution. Les moulinets sont déjà chargés en nylon de 25 centièmes suivi d’une tête de ligne de 60 armée d’un missile de 115 grammes. Le bas de ligne court de 15 centimètres est armé d’un hameçon série 5 taille 6. J’esche d’un bonhomme de neige composé de deux bouillettes de 12 mm qui trempent depuis notre arrivée, celles qui réussissent si bien à mon coéquipier ! Les montages sont expédiés à une distance très honorable, légèrement décalés sur la droite pour atteindre la bande caillouteuse qui oblique vers ma gauche. Je reprends confiance en moi. A cette distance et à cet endroit là ça devrait démarrer. ….

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Cobra VS mouette :


La confiance revient et je monte la garde au cul des cannes. Plusieurs carpes viennent régulièrement se moquer de moi en crevant la surface à moins de 20 mètres du bord. Je ne suis pas trop surpris de cette soudaine proximité. En effet lorsque l’on fait preuve de discrétion en évitant de marcher ou de montrer sa silhouette le long des berges c’est assez courant. D’ailleurs, les pêcheurs qui prennent des carpes le jour au pied des cannes savent de quoi je parle. C’est une technique trop peu utilisée car contraignante sauf si l’on pêche seul ou la nuit. Ce qui l’est moins sur cet étang c’est qu’il est pratiquement impossible d’en prendre une à cette distance et ce n’est pas faute d’avoir essayé. Dominique, notre spécialiste de le pêche de bordure (pour ne pas dire dans ses bottes) s’est juré d’y arriver mais il a toujours échoué à cet endroit. On y a pris des brèmes, des gardons, parfois des grosses tanches mais jamais de carpes !

L’amorçage au cobra est aussi un défi permanent à cet endroit. Il faut au moins opérer à deux pour être certain d’obtenir le résultat escompté. La raison ? : Une horde de mouettes au vol vif et à l’œil perçant. Après avoir connu comme beaucoup les rats coupeurs de cheveux, les grèbes, les canards et les foulques pilleurs d’amorçage nous avons ici été confrontés à des mouettes voleuses capables de se saisir d’une bouillette en plein vol ! C’est usant physiquement et mentalement. La stratégie déployée par de nombreux collègues est quasiment identique pour tous. L’un amorce du côté opposé pour y attirer les mouettes en premier et l’autre peut alors amorcer son coup a peu près tranquillement. Imaginez un chalutier qui rejette des poissons à l’eau avec des mouettes opportunistes et vous avez la même chose. Et j’exagère à peine !



Une des lignes de mon coéquipier, eschée d’une noix tigrée équilibrée et pelée au cutter démarre régulièrement. . La couleur claire de cet appât qui tranche avec la couleur du fond semble bien plaire aux poissons mais c’est encore grâce à un appât délavé qu’il met au sec une jolie miroir qui dépasse largement les 15 +

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Sauvé du capot :


Ce n’est qu’après 28 longues heures de pêche que mon salut vient de la ligne de droite. Le détecteur sonne, le hanger bleu est collé au blank Un run d’enfer fait accélérer mon rythme cardiaque et monter l’adrénaline en un instant. Ce poisson qui me sauve du capot, je le veux et j’estime le mériter. Après un combat tout en force, j’épuise une très jolie commune, ma première sur cet étang. Nous renouvelons la tradition Franque pour sa venue. Les départs s’enchaînent maintenant très régulièrement et en moins de 24 heures, je refais mon « retard ». Mes micro bouillettes boostées à l’eau naturelle fonctionnent plutôt bien. Mon pellet emprisonné dans son bas ne rencontre aucun succès, pas même une brème. Je suis pratiquement certain que ce n’est pas l’appât qui ne marche pas mais le placement de la ligne qui n’est pas bon. Malgré plusieurs modifications de présentation à des endroits différents, les touches se produisent toujours sur les deux mêmes cannes. Les poissons sont parfaitement piqués dans la lèvre inférieure. Les carpes sont principalement des communes. Eric, Dominique et Christophe ne prennent que des miroirs. C’est à n’ y rien comprendre et je crois que c’est un peu pour ça que j’aime tant pêcher cette eau. Ce qui est vrai un jour ne l’est pas toujours le lendemain. Eric goûte maintenant aux joies de la photographie. C’est moi qui sent la sueur et lui la poisse. Sur l’autre poste, c’est le calme plat. Dominique prend une petite miroir qui fait chuter une moyenne très honnête. Comble de malchance, il s’aventure un peu loin dans l’eau en relâchant ce poisson. Du fait de sa taille (pas son tour !) très modeste, là où beaucoup ont de l’eau à hauteur de bottes, lui se trempe les cuisses. Trop tard, son portable prend l’eau comme son moral. L’opérateur Orange déclare forfait.

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Une fin de session arrosée :


Le dernier jour de pêche, nous avons la visite d’un ami. Il a parlé avec une bonne partie des autres équipes et nos résultats semblent plutôt bons. La température est brutalement montée à près de 20° et un soleil radieux inonde la vallée. Le printemps nous semble maintenant bien installé. Les arbres arborent une belle parure verte qui s’éteindra en même temps que les carpes recommenceront à prendre du poids. Nous avons plié les abris et rangé le matériel au sec, seules les cannes pêchent encore avec l’espoir caché de prendre un dernier poisson. Les cannes sont enlevées une à une pour allonger nos chances. Evidemment, je terminerai par la canne de droite. La magie opère une dernière fois. Le silence est interrompu par le bruit strident du Delkim bleu. La bas au loin, à plus de 100 mètres, une carpe devenue maladroite par un excès de confiance s’est une nouvelle fois fait piéger par le Montage. Elle s’enfuit à toutes nageoires de cette bande caillouteuse où des appâts ronds, de couleur bien pâle et gonflés d’eau et apparemment sans danger piquent et blessent la bouche.

J’épuise une magnifique miroir aux flancs dorés avec de magnifiques écailles. Ce n’est pas le plus gros poisson mais qu’importe c’est surtout le plus beau. Je savoure ma chance de pouvoir partager ces moments de bonheur avec de vrais amis. Nous aurions pu une nouvelle fois trinquer, il n’en fut rien. Nous sommes cependant copieusement arrosés par un déluge de pluie aussi soudain que persistant. Je compte dans ma tête les secondes séparant les grondements du tonnerre et les flash qui embrasent le ciel. Je n’en mène pas vraiment large, trempé jusqu’aux os avec des éclairs au dessus de ma tête. Le matériel baigne dans la boue, le fond de nos bateaux ressemble à une piscine. Nous abandonnons à regrets cette petite mer d’eau douce, son île et ses mouettes. Rendez-vous est déjà pris pour nous mesurer à nouveau avec les carpes de ce site magnifique.

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